– Article rédigé pour Beyeah

Oubliez tout ce que vous savez sur l’ambient. Absolument tout. Mettez également de côté tout ce que vous avez trouvé ennuyeux au cours de tout documentaire animalier.

Vous vous demandez sûrement où l’on vous emmène avec ce genre d’injonctions, et c’est parfaitement légitime. La clé pour comprendre tout cela se trouve dans l’oeuvre sonore de Felicia Atkinson. Si vous ne la connaissez pas, écoutez dans un premier temps un morceau parmi tous ceux disponibles à l’écoute sur son Bandcamp – dans un lieu calme et les yeux fermés de préférence, et laissez l’experte de l’ambient expérimental faire son travail en vous.

La productrice, qui nous avait déjà charmés sur son album Hand In Hand, revient sur une scène peu exploitée mais dont elle maîtrise parfaitement les codes avec son dernier EP, Coyotes. Né à la suite d’un voyage dans les terres du Nouveau Mexique en février dernier, et influencé par de nombreuses oeuvres qui n’ont pas trait à la musique mais plutôt aux arts visuels (peinture et poésie notamment), Coyotes est une pièce en deux actes ou, selon la productrice, un « carnet de voyage sonore ».

Les premières pages de ce carnet sont dénommées Lighter Than Aluminium et nous donnent à lire (ou à entendre et à voir, c’est selon) une description sonore légère d’une grande variété d’informations. Si la musique semble décrire un paysage désertique traversé à des heures lumineuses, la voix d’Atkinson, toujours chuchotée, nous donne à voir les différentes caractéristiques de ces créatures méconnues que sont les coyotes. À ceci s’ajoute les diverses ambiances sonores que nous traversons durant les quinze minutes qu’elle nous propose de passer avec elle sur ce titre. Nous passons de la découverte presque craintive d’un environnement nouveau à sa contemplation, puis son analyse, avant le retrait et le repos, pour laisser ces créatures évoluer en paix.

Le second morceau, Abiquiu, semble au contraire faire écho aux heures sombres d’une journée d’exploration. Les sonorités sont plus diverses, plus éparses, semblant répondre à un motif instinctif, voire aléatoire. Et si quelques nappes liquides se font entendre en arrière-plan, elles n’ont pas pour but d’être mélodiques, mais plutôt porteuses d’une sorte de relief, de cadre qui nous permettrait de visualiser un décor sonore. Enfin, si dans Lighter Than Aluminium Atkinson jouait peu avec les silences, ces derniers prennent ici parfois plus de place que la mélodie elle-même, imitant ainsi le déplacement calculé d’animaux sauvages. Et pour les quelques phrases qui accompagnent ce morceau, nous vous laissons les découvrir par vous-mêmes.

Coyotes est finalement ce que l’on pourrait qualifier d’un extrait de voyage conceptuel, (pas si) abstrait, oscillant entre mélodie construite et apports sonores spontanés. En bref, un intemporel auquel on reviendra aussi aisément qu’un album de vacances.